Maltraitances actives ! Qu’est-ce qu’on attend pour agir ?
Maltraitances actives dans une MAM
France 3 Bourgogne « ici19/20 » du 20 septembre 2024
Maltraitances actives chez une assistante maternelle
France 2 journal le 20h du 22 septembre 2024
Qu’est-ce qu’on attend pour agir ?
Ce qu’on entend sur les enregistrements publiés par les 2 émissions de TV est tout simplement terrifiant ! Des assistantes maternelles qui insultent et humilient les enfants qui leur sont confiés. Des cas de maltraitance active aggravée.
France 3 : La maison d’assistante maternelle de Montceau les Mines
Ce que l’assistante maternelle a dit :
- « J’ai cru que j’allais le buter! »
- « C’est pas fini ce bazar, fermez vos gueules ! »
- « Et toi là-bas, qu’est-ce que c’est que ça ! Ton matelas est mouillé de pleurs »
- « Il est coincé dans son trou, il arrive pas à sortir, qu’est-ce que on fait? On le sort ou on le sort pas ? On attend que ses parents arrivent ? »
Ce que disent les parents :
- « Les enfants on les récupérait le soir, affamés, assoiffés, avec des terreurs nocturnes »
- « Le jour de la fermeture de l’établissement, on découvre des vidéos où les enfants sont maltraités psychologiquement, humiliés. Des choses qui sont complètement aberrantes et inappropriées dans un environnement professionnel« , déplore Justine, maman d’Ayden, 9 mois.
Ce que dit le journaliste :
- « Chaque jour les enfants vivent un enfer et les parents ne se doutent de rien. »
La maison d’assistants maternels (MAM) des « Minis Pouss » a ouvert ses portes en décembre 2023, dans les anciens locaux de l’école maternelle Suzanne-Valadon. À l’époque, la ville avait investi 85 000 euros pour la rénovation. Le Conseil départemental, après avis du service de la Protection Maternelle et Infantile (PMI), a donné son agrément le 4 décembre 2023.
La MAM a été fermée en catastrophe par la mairie, 7 mois après son ouverture. 3 assistantes maternelles sont suspendues, 1 assistante perd son agrément. La famille a porté plainte.
Je rappelle que les MAM peuvent accueillir jusqu’à 16 enfants, encadrés par 4 assistantes maternelles qui ont suivi chacune une très courte formation de 80h (une professionnelle diplômée d’un CAP a suivi une formation de 669h). Les MAM ne sont pas considérées comme des crèches par la règlementation et échappent donc aux règles applicables aux crèches, notamment les règles bâtimentaires, les règles d’encadrement et les règles de diplôme minimum.
Antenne 2 : L’assistante maternelle piégée par le doudou de l’enfant
La maman raconte : « J’ai un enfant dont les comportements changent. Quand je le dépose chez la nourrice il commence à hurler »
Elle décide de prendre une mesure extrême : espionner la nounou grâce à une clé enregistreuse, glissée à l’intérieur du doudou.
Ce qu’elle entend durant les 4 heures d’enregistrement est abominable : insultes à répétition et menaces.
« T’est infect toi ! Putain tu vas les casser tous ! Putain quel con ! Je vais t’éclater la gueule !»
En 2023, l’assistante maternelle est condamnée à 3 mois de prison avec sursis et 10 ans d’interdiction d’exercer, pour violences psychologiques et morales.
Des cas isolés ?
Pas du tout !
Ces cas sont simplement rendus publics par la télévision. Ils s’ajoutent aux nombreux cas de maltraitances et de crimes commis, chaque année, dans l’accueil individuel. Rien qu’en septembre 2024, et en quelques semaines, sans que la liste, malheureusement, ne soit exhaustive, j’en ai identifié 3 :
En Maison d’Assistante Maternelle : 1 cas de maltraitance active
- Cricquetot-l’Esneval, près du Havre (Seine Maritime). France Info Normandie du 20 septembre 2024
- 2 septembre 2024, Maison d’Assistantes Maternelles, un signalement était adressé aux autorités administratives compétentes par l’une des assistantes maternelles concernant des pratiques jugées inappropriées d’une de ses collègues.
- La nounou incriminée a été enregistrée par ses collègues. Ce sont elles qui ont donné l’alerte.
- La nounou a été placée en garde à vue.
- Le procureur de la République du Havre, fait le point sur l’enquête
- « Les enregistrements montraient des manipulations brusques et dangereuses des enfants tandis que ses collègues rapportaient des punitions inadaptées, des privations et des comportements dénigrants. »
Chez les assistantes maternelles : 2 meurtres
- Massy (Essonne) Le Parisien du 16 septembre 2024
- 12 septembre 2024
- Le bébé de 11 mois a été secoué. Il est mort !
- Le parquet a requis le placement de l’assistante maternelle en détention provisoire
- Chessy-les-Mines (Rhône). Le Progrès du 19 septembre 2024
- 13 septembre 2024.
- Une petite fille de 21 mois était chez sa nourrice. Elle est morte !
- La procureure de la République du tribunal de Villefranche-sur-Saône, Laetitia Francart, confirme l’information. « Nous sommes au début de l’enquête qui a été ouverte en recherche des causes de la mort. Enquête qui a été confiée aux gendarmes de la compagnie de Villefranche-sur-Saône. »
Ces tragiques faits divers se répètent, mois après mois, année après année. J’en avais identifié 49 dans un article publié en août 2023.
Le bon sens amène à se poser des questions simples. Pourquoi rien n’est-il fait ? Pourquoi laisse-t-on perdurer, sans le corriger, le système de l’accueil individuel qui génère, tous les ans, une centaine de drames (Public Sénat), tels que ceux décrits plus haut ?
Si vous avez une réponse….
Peut-être une lueur d’espoir : l’enquête IGAS dans l’accueil individuel
En mai 2024, Mme El Haïry, alors Ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles, décide d’agir et donne instruction à l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) de mener « une mission relative à la qualité de l’accueil du jeune enfant et à l’attractivité de la profession d’assistant maternel ».
La lettre de mission fixe l’enjeu : « la prévention de la maltraitance ».
Plus loin Mme El Haïry précise :
« L’accueil individuel appelle une attention particulière concernant les risques de violence les plus graves, tels que le secouement du bébé (décès, séquelles graves…) qui se produit de manière générale en l’absence de témoin et de façon répétée. »
L’enquête devra inclure les MAM. La ministre, d’ailleurs confirme que « Relèvent également de l’accueil individuel, les Maisons d’Assistants Maternels, MAM ».
La date de remise du rapport est précisée dans la lettre de mission : « Vos conclusions et recommandations sont attendues pour octobre 2024 »
Problème : Mme Haïry n’est plus là, remplacée par Mme Agnès Canayer, Ministre déléguée, chargée de la famille et de la petite enfance.
Espérons que Mme Canayer respectera la signature de son ministère, qu’elle aura à cœur de faire mener au bout la mission de l’IGAS et, surtout, qu’elle restera en poste suffisamment longtemps pour veiller à ce que les mesures recommandées soient suivies d’effet.
Les syndicats de salariés, les fédérations de gestionnaires et les parents seront vigilants.
La vie et la santé de trop jeunes enfants est en jeu !