06 Jan 2023

Les manifestations dites « agressives » chez le jeune enfant

Vous êtes parents ? Vous avez un enfant de moins de 3 ans ? Ce sujet vous parlera très probablement !

Il arrive à votre enfant de taper, de mordre, de pousser et de vouloir toujours le jeu du camarade ?

Bienvenue, vous êtes sur la bonne page ! Nous allons essayer de vous expliquer pourquoi votre enfant s’exprime parfois ainsi, et nous essayerons de vous donner quelques pistes pour surmonter ce passage et accompagner au mieux votre enfant.

Qu’est-ce qu’un geste agressif chez le jeune enfant ?

Nous pouvons les décrire comme des gestes qui extériorisent une trop grosse accumulation d’émotions ou de frustrations.

Parfois, nous interprétons ces réactions (tirer les cheveux, mordre, pousser …) comme « agressives », pourtant elles peuvent parfois être une façon pour votre enfant de découvrir autrui, entrer en contact, susciter des réactions, découvrir son environnement etc… Des gestes « maladroits » que nous devons accompagner, nommer et réorienter.

Quelles sont les possibles raisons de ces manifestations ?

Tout d’abord, il est nécessaire de se rassurer : ces manifestations sont « normales » chez le jeune enfant. Certains enfants pourront en être plus sujet que d’autre ! Ce sont des passages qui, si bien accompagnés, passeront par eux même. Aussi, l’apparition de la parole permet aux enfants d’avoir un autre moyen de s’exprimer. La parole apaisera souvent ces gestes agressifs.

Quand votre enfant agit ainsi, il n’a aucune intention de faire mal, ces attitudes sont des comportements « réflexes », instinctifs, qui ont parfois pour but de susciter des réactions chez l’autre enfant, ou chez l’adulte.

« Papa, Maman, si parfois je tape, pousse, mord, c’est peut-être parce que j’exprime quelque chose de façon un peu maladroite : un besoin, une émotion débordante, une attente particulière ».

Voici les différentes raisons possibles :

  • La proximité : Être avec les autres trop longtemps, partager le même espace, les jeux dans une certaine proximité peut générer ce que l’on appelle des « conduites agressives ». L’enfant se retrouve en difficulté pour gérer ce sentiment d’étouffement.
  • L’affirmation : Tous les enfants passent par des phases de développement où ils s’affirment, se défendent, ou « attaquent » pour se faire une place dans le groupe. Il crée son identité, cherche à s’affirmer au sein d’un groupe, d’une fratrie.
  • Le besoin physiologique : votre bébé a soif, a mal quelque part (aux dents pour les morsures par exemple), a faim, et toutes ces tensions doivent s’exprimer d’une certaine façon.
  • Le besoin d’autonomie : il a envie de faire par lui-même, tester ses compétences. Il ne veut plus être un bébé ! Confiez-lui des petites missions et faites-lui confiance.
  • Le besoin d’estime : il a besoin d’un regard, d’une attention, d’une valorisation ou de temps qualitatif avec quelqu’un.
  • La recherche d’interaction : il a envie de jouer avec un copain, mais il ne sait pas comment lui dire, lui faire comprendre, alors il le tape, mais sans vouloir lui faire mal. Aidez-le à trouver les mots et la bonne façon de lui dire. Parfois il peut passer des « câlins », à « je pousse » ou « je tape ». Il découvre les réactions des autres face à ses actions.
  • L’émotion débordante : il ne connaît pas encore bien ce qu’il se passe dans sa tête, son corps, son cœur. Des sensations et émotions l’envahissent et elles doivent sortir ! Parfois, ses dents, ses mains sont un moyen de faire sortir tout ça ! Et surtout quand il est frustré !
  • La colère est une émotion comme une autre. Il est nécessaire que chaque enfant puisse exprimer son émotion de manière permise et non contre les autres enfants. Il faut l’accompagner dans cette démarche. Être en colère est autorisé MAIS exprimer sa colère sur les autres enfants n’est pas autorisé.
  • L’environnement angoissant, stressant : l’inconnu l’inquiète, son émotion est débordante.
  • La découverte, les expériences : Il veut découvrir son environnement et ses camarades qui l’entoure. Il a besoin de découvrir, tester, parfois re-tester.  La frustration pour l’enfant de vouloir se mouvoir mais ne pas y arriver seul peut le conduire à ces manifestations. L’envie aussi de découvrir ses camarades, sans avoir les moyens de le faire verbalement, le pousse parfois à utiliser les gestes. L’acquisition de la position verticale, et l’accès à de nouvelles choses, incite l’enfant à vouloir faire de nouvelle découverte : il a envie de toucher à tout, mais on le lui interdit, quelle frustration et déception !

Quelques conseils :

  • Rappeler à votre enfant avec calme et fermeté qu’il ne faut ni griffer, ni tirer les cheveux, ni mordre, etc…
  • Nommer la réaction de l’autre, expliquer à l’enfant que tirer les cheveux fait mal et provoque des pleurs, cela lui permet de mieux comprendre le monde qui l’entoure et les autres.
  • Verbaliser afin de mettre des mots sur les émotions rencontrées par votre enfant
  • Aider votre enfant à entrer en interaction avec ses camarades de façon adéquate : passer de l’acte à la parole
  • Verbaliser, être un médiateur dans les relations entre les enfants. En apprenant par exemple à l’enfant « agressé » à dire « non », « ça fait mal », oralement mais aussi grâce à la communication gestuelle associée à la parole : via ce lien.
  • Consoler les deux enfants, et pas que l’enfant agressé ! Les deux enfants ont été submergés par des émotions différentes. Il est nécessaire d’accueillir ces émotions, les nommer, les accompagner.
  • Passer le relais quand on se sent submergée par l’émotion de la situation.
  • La notion de « réparation » n’est pas compréhensible pour un jeune enfant, il ne sera donc pas utile de demander à l’enfant de dire pardon. Et n’oubliez pas : l’enfant n’a souvent pas eu l’intention de faire mal !
  • Répéter, répéter et répéter toujours les mêmes règles et de façon cohérente (que ce soit toujours les mêmes règles au sein de la famille et au sein de la crèche).
  • Rester calme et serein face aux gestes non adaptés
  • Accompagner et/ou réorienter l’enfant dans la compréhension de ce qui est possible de faire ou non, de ce qui est interdit.

Comment accompagnons-nous vos enfants au sein des micro-crèches C&C ?

  • Collaborer avec les familles et tenter d’uniformiser nos réponses / actions auprès de l’enfant afin d’accompagner au mieux.
    • Par la restitution des événements indésirables tels qu’une manifestation agressive. Nous considérons que les parents ont besoin de connaître le quotidien afin d’accompagner eux même leur enfant, comprendre son comportement, faire des liens entre la maison et la crèche.
    • Nous ne donnerons jamais le nom de l’enfant « agresseur ». Pour l’enfant « agressé », un appel aux parents pourra être effectué dans la journée si le visage est marqué, afin que le parent ne soit pas « surpris ».
  • Observer au quotidien pour comprendre, repérer, adapter nos actions et propositions
  • Proposer des jeux et des ateliers adaptés : certains jeux peuvent parfois aider les jeunes enfants à partager leurs émotions, dont leur colère.
    • Les jeux d’imitation et d’imagination :  rejouer des scènes en utilisant des poupées par exemple, ou des figurines. A ce stade-là, l’enfant nous montre qu’il a compris les règles, les interdits, et il les intègre peu à peu.
    • Les jeux « moteurs » (courir, sauter, crier, se défouler librement) : lorsqu’un enfant est trop restreint dans ses mouvements, il arrive qu’il décharge son énergie de manière « agressive».  Mais aussi des temps de défoulement par exemple via la musique, danse, instruments… Investir les aires extérieures, les grands couloirs etc…
  • Encourager les échanges verbaux entre enfants au cours de la journée afin de les accompagner dans leur relation.
  • Encourager l’utilisation de la communication gestuelle associée à la parole afin de proposer aux enfants un autre moyen de s’exprimer.
  • Apprendre à prendre soins les uns des autres : responsabiliser les enfants qui sont prêts et en demande en leur attribuant de petites taches au cours de la journée …
  • Accorder des temps individuels et une place dans le groupe en reconnaissant l’individualité de chaque enfant 
  • Proposer un aménagement sécurisé et sécurisant : Les moments de transition peuvent donner lieu à des moments d’agressivité. Nous évitons l’excès de mouvements des professionnels et encourageons le travail au sol.

Et les enfants qui très fréquemment poussent, tapent, mordent ? Comment faisons-nous ?

Il est nécessaire de montrer à l’enfant que l’on ne le regarde pas QUE quand il fait des « bêtises », des « gestes agressifs » ou lorsqu’il cris.

Il est important de mettre en avant le positif quand l’enfant est bien, qu’il joue, qu’il s’amuse, qu’il prend plaisir à la micro-crèche …

Aussi, partager des temps de jeux avec l’enfant, en individuel, inclure d’autres enfants dans le jeu permet de montrer à l’enfant comment entrer en relation, comment proposer un temps de jeu avec un camarade.

Quand votre enfant commencera à parler, les manifestations dites agressives pourront diminuer.

Parfois, ces périodes « d’agressivité » peuvent être plus ou moins longues, les règles posées par l’adulte seront intégrées par l’enfant grâce à la répétition et au temps.

Courage et surtout patience !

Ce qu’il est important de retenir

  • Il n’y a pas d’enfant « méchant » ou « violent » : ce sont des enfants qui sont dans la découverte du monde, avec l’acquisition de règles, de limites, d’autorisations, d’interactions…
  • Les comportements agressifs ne sont pas que négatifs ! Ils permettent pour le jeune enfant d’exprimer ses besoins, ses émotions, une affirmation de soi, se rencontrer soi (se connaître) et rencontrer l’Autre.
  • L’agressivité est une émotion, comme une autre, qui doit s’exprimer de la bonne façon. On accueille son émotion mais aussi l’enfant dans sa globalité.
  • L’enfant n’a pas l’intention de faire du mal
  • Tout enfant doit être écouté, accompagné. Il est essentiel de voir l’enfant qui tape autrement et ne pas stigmatiser. Il a également son lot de compétences et de potentialité.

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