Le bonus attractivité : Un bonus qui fait l’unanimité… Contre lui !
Dans un communiqué du 3 avril 2024 la CAF annonce une aide à la revalorisation des salaires à travers un « bonus attractivité » instauré depuis le 1° janvier 2024.
L’extrait ci-dessous du communiqué donne les règles d’attribution du bonus.
« Le bonus « attractivité » est instauré à compter du 1er janvier 2024 au bénéfice des crèches publiques et privées financées par la PSU. »
« Le bonus s’élève à 970€ par place et par an pour le secteur privé et à 475€ pour le secteur public. Ces montants permettent de contribuer aux deux-tiers des coûts supportés par les employeurs pour atteindre une augmentation moyenne de 150 euros nets par mois pour les salariés
Cet extrait contient 4 informations importantes, qui laissent perplexes :
- Le bonus est donné en fonction du nombre de places d’accueil
- Le bonus doit couvrir les 2/3 des augmentations qui devraient être « en moyenne de 150€ nets par salarié »
- Le bonus est de 970€ pour les crèches privées et de 475€ pour le secteur public
- Le bonus ne concerne que les crèches « PSU », les micro crèches sont exclues du dispositif
Quelques réflexions sur ce « bonus attractivité »
La logique d’attribution du bonus attractivité
On a vraiment du mal à comprendre comment on peut passer du nombre de places d’accueil dans la crèche à un bonus qui doit être payé à des salariés.
D’un côté, un nombre fixe d’enfants défini par l’agrément, même si la crèche n’est pas complète et de l’autre côté, un nombre de salariés qui, malheureusement, fluctue fortement et régulièrement. Parfois le budget sera trop élevé, faudra-t-il rembourser ? Parfois il sera trop faible, comment la crèche percevra-t-elle le complément ?
Et surtout, une question cruciale n’est pas traitée : quand la crèche recevra-t-elle les fonds ? Tous les mois ou, comme pour la PSU, 2 fois dans l’année ? A charge pour le gestionnaire, dans ce dernier cas, de faire l’avance. Compliqué pour des structures dont la trésorerie est très fragile.
La CAF a des raisons que la raison ne connaît pas !
Les 2 discriminations pérennisées par les mesures annoncées par la CAF
- La première discrimination : entre crèches privées et crèches publiques
Des voix commencent à s’élever contre cette insupportable discrimination dont sont victimes les salariés des crèches publiques :
« Comment? Les crèches publiques touchent moins que les crèches privées, un vrai scandale ! »
Oui, vous avez bien lu, pour une fois, il semblerait que ce soient les salariés des crèches publiques qui soient lésés.
Une grande première : personne n’a l’habitude d’un tel déséquilibre qui se ferait au détriment des crèches publiques. Par le passé, c’étaient les crèches privées qui étaient lésés.
- La deuxième discrimination : entre micro-crèches et crèches PSU
Etrangement, ce ne sont pas les mêmes voix qui s’insurgent contre la discrimination dont sont victimes les salariés des micro-crèches, qui font pourtant le même métier d’accueil du jeune enfant. Les micro-crèches ne bénéficieront d’aucun soutien pour augmenter les salaires de leurs professionnels. Comment les gestionnaires vont-ils faire ?
Bien évidemment, aucune explication n’est donnée à ces deux discriminations. La CAF, au contraire, se félicite de cet « élan de générosité » qui aurait la vertu d’attirer de nouveaux professionnels:
« Après les autres revalorisations prévues par notre COG, ce nouveau bonus « attractivité » vient donner plus encore les moyens aux gestionnaires de crèches de revaloriser l’engagement de leurs salariés et d’attirer
de nouveaux professionnels pour garantir leur offre d’accueil. »
La CAF a, décidément des raisons que la raison ne connaît pas !
Je ne peux qu’être en phase avec le collectif « Pas de bébés à la consigne », qui dans un communiqué du 17 avril 2024, fait un constat plein de bon sens :
« Les mesures salariales en faveur de la petite enfance
sont trop modestes pour rétablir l’attractivité du secteur
et remédier à la pénurie de professionnels dans les modes d’accueil »
Qui, en effet, peut croire qu’une augmentation de salaire de 100€ ou 150€, qui plus est, réservée à une partie des professionnels de crèche en France, sera de nature à ressusciter l’attractivité de ce beau métier ?
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