Bienvenue Madame la Ministre !
Vous êtes la 5° en 4 ans !
Des mauvaises langues ont écrit que vous n’avez aucune expérience de la petite enfance. Si c’est vrai cela ne va pas être simple pour vous : vous aurez très peu de temps pour comprendre, faire le tri entre tapage médiatique et problèmes cruciaux et agir.
Parce qu’il y a les enfants qui, eux, ne peuvent plus attendre. Les professionnels non plus.
Depuis le 3 octobre 2024, les médias se font l’écho de vos premières prises de parole, après vous avoir reproché votre silence. Vous avez choisi de commenter le livre dont tout le monde parle en ce moment.
Je cite votre communiqué de presse du 2 octobre « Les situations décrites sont inacceptables et ne doivent laisser personne indifférent. »
Ce que vous qualifiez de situations inacceptables n’est pas clair.
- Parlez-vous des dérives de certains très grands groupes de crèches ?
- Parlez-vous de la PSU et de ses effets pervers qui sont connus de tout le monde de la petite enfance depuis sa mise en place il y a 20 ans ? Ils sont même dénoncés par l’initiatrice de la PSU, Mme Leprince.
- Parlez-vous de la CAF qui refuse de remettre en cause « sa » PSU et n’arrête pas de lui coller des rustines pathétiques ?
- Parlez-vous des comportements de beaucoup de communes qui, dans le choix de leur partenaire DSP, poussent à aller au moins disant ?
- Parlez-vous des échanges entre la Ministre Bergé et une fédération professionnelle ?
Le monde de la petite enfance aimerait les réponses à ces questions.
Je mesure parfaitement la difficulté de votre mission. A titre de contribution, je vous propose une liste, malheureusement non exhaustive, des dossiers qu’il faut absolument faire aboutir.
- Donner aux crèches les moyens d’un accueil de qualité, en respectant leurs contraintes économiques. Un exemple :
- Pour les micro crèches le tarif horaire maximum a baissé de 16,7% en 10 ans, il est passé de 12€/h à 10€/h.
- Dans le même temps, les charges principales, salaires et loyers, qui représentent entre 70% et 80% de leur CA, ont augmenté de 24,7% pour les salaires (smic) et de 26% pour les loyers (indice ILC)
- Ce n’est plus tenable. Beaucoup d’établissements ont déjà disparu, la disparition des suivants va s’accélérer.
- Mettre en place le Référentiel Qualité en cours d’élaboration, après l’avoir expurgé de ses bizarreries.
- Instaurer des audits annuels dans les EAJE, au lieu des évaluations tous les 5 ans inscrites dans la loi sur le plein emploi (art 18) : un vrai recul du suivi des EAJE et un risque grave de recul de la qualité !
- Définir et chiffrer les nouvelles missions des autorités organisatrices afin qu’elles puissent toucher les dotations nécessaires pour mettre en œuvre ces nouvelles missions. En particulier, rappelons qu’elles doivent « soutenir la qualité ». La loi ne définit pas en quoi consiste ce soutien. Comment en chiffrer le coût ?
- Veiller à ce que le rapport d’enquête sur la qualité dans l’accueil individuel demandé à l’IGAS par la précédente Ministre soit publié. Il doit être rendu courant octobre 2024. Le sera-t-il ?
- Pérenniser une fois pour toutes le CIFAM, sans lequel 80 000 à 100 000 places de crèches disparaitraient en quelques mois.
- Redonner leur attractivité aux métiers de la petite enfance et renforcer la formation des professionnels, dans l’accueil individuel tout comme dans l’accueil collectif.
La qualité et le soutien à la qualité ne doivent plus être des slogans derrière lesquels se réfugient les politiques et les bien-pensants. Ils doivent devenir des notions clairement définies et une réalité économiquement viable sur le long terme.
Mais pour cela, il faut considérablement augmenter les moyens disponibles dans tous les établissements d’accueil du jeune enfant, publics, associatifs et privés et augmenter les moyens que les communes doivent mettre en œuvre dans leur tout nouveau rôle d’autorité organisatrice.
Comment faire, alors qu’il faut économiser 40 milliards ?
Madame la Ministre, on vous a reproché votre long silence après votre prise de fonction. J’ai plutôt salué votre sagesse de ne pas participer au bruit ambiant. J’ai plutôt salué votre absence de prise de parole qui contraste avec les déclarations tonitruantes des deux ministres qui vous ont précédé.
Madame la Ministre, je vous rêve différente, vous qui prenez le temps de la réflexion et de l’information avant la prise de parole. Cela signifie peut-être que nous pourrons, enfin, ne plus nous contenter de paroles mais que nous aurons des actes au service des tout petits et des professionnels qui les accueillent.
Madame la Ministre, nous, professionnels et gestionnaires de crèches sérieux, nous comptons vraiment sur vous.
Nous espérons tous que vous aurez le temps d’agir……plus que les 6 mois devenus « habituels ».
#agnescanayer #fesp #ffec #philippemellinger
Gilbert Mellinger
Gestionnaire de micro-crèches en Essonnes.