10 Août 2023

200 000 places d’accueil en plus ou 100 000 places d’accueil en moins ?

Épisode #1

Des chiffres très enthousiasmants annoncés par Mme Borne, 1° ministre, dans son discours d’Angers du 1° juin 2023 où elle annonce la volonté du gouvernement de créer « 100 000 places d’accueil, collectif ou individuel, en plus d’ici 2027 et 200 000 places en plus d’ici 2030 ». 

Olivier Véran l’avait déjà annoncé sur France 2, le 12 avril 2023.

Madame Aurore Bergé, la toute récente ministre des Solidarités et des Familles, a confirmé cet objectif dans une interview accordée à Ouest France le 25 juillet 2023. Elle annonce : « je veux qu’on renforce le service public de la petite enfance, avec l’engagement de 200 000 places de crèches supplémentaires d’ici à 2030 ».

Pour y arriver, 5 milliards de plus vont être investis pour la petite enfance (discours de Mme Borne) !

Les trois sont en phase, ils ont parlé de places « en plus », de places « supplémentaires »

Sauf que ce n’est pas vrai !!!

Dans les formulations utilisées, tout le monde comprend qu’il s’agit de places en plus par rapport au nombre de places existantes. Et tout le monde a envie d’applaudir. C’est ce que font les médias et une partie de la profession. Les deux, on va le voir, auraient dû aller au-delà de l’effet d’annonce, avant d’applaudir.

Le nombre de places d’accueil en France, en 2020 (derniers chiffres publiés par la DREES) était de 

1 312 350.

Selon les promesses de nos politiques, nous aurons 200 000 places en plus, d’ici à 2030. On s’attend donc à ce que le nombre de places d’accueil passe, simple arithmétique, 

de 1 312 350 à 1 512 350.

Que nenni ! 

Parce que dans les chiffres annoncés, on oublie tout simplement de tenir compte de la disparition de plus de 300 000 places chez les assistantes maternelles (rapport IGAS mars 2023). 

Madame Borne l’a pourtant évoqué dans son discours : 120 000 assistantes maternelles partiront à la retraite d’ici 2030. Ce sont les 300 000 places qui vont disparaître, peut-être d’avantage. 

En conséquence, pour créer 200 000 places supplémentaires, 200 000 nouvelles places ne suffisent pas, il faut en créer 500 000. Mission impossible !

Le nombre de places d’accueil auquel il faut donc s’attendre en 2030, à condition que l’Etat réussisse son plan de création de places, ce qui est loin d’être acquis, est de :

1 212 350.

Une baisse de 100 000 solutions d’accueil ! 

Mme Borne avait pourtant donné le cap dans son discours du 30 juin 

« Mener une politique volontariste pour la petite enfance, c’est agir pour permettre à chacun d’accéder à un travail. Sans mode d’accueil satisfaisant, pas de société du plein-emploi.« 

Jean Christophe Combes, le précédent ministre de la Solidarité et des Familles, lors d’un entretien sur la « Public Sénat » le 27 juin 2023, a chiffré le nombre de ces femmes, obligées de rester à la maison pour garder leur enfant en bas âge : 

« Ce sont 150 000 personnes, essentiellement des femmes, qui renoncent à un emploi faute d’accueil de leur jeune enfant, Cela pose une question d’égalité entre les femmes et les hommes. C’est le premier besoin exprimé par les familles. »

C’est aussi ce qui est claironné dans le dossier de presse de Matignon (01/06/2023)

« Un développement de places d’accueil suffisant pour proposer une solution adaptée à chaque famille, et notamment aux 150 000 parents, le plus souvent des mères, empêchés de prendre ou reprendre un emploi faute de place adaptée à leurs besoins et à leurs moyens » p15

Les 150 000 mères au foyer pourront se consoler, elles seront bientôt 250 000.

Sans oublier qu’on va investir « 5 milliards de plus pour la petite enfance » …… pour supprimer 100 000 places d’accueil ! 

Cherchez l’erreur !

 

Vous êtes d’accord ? Faites circuler !

Vous n’êtes pas d’accord ? Dites-le, je vous répondrai

Vous avez vu une erreur ? Je corrigerai.

Gilbert Mellinger
Fondateur du Réseau Carrousel et Câlins

 

Prochain épisode, le 14/08/2023 : 200 000 places de crèche ou 200 000 places d’accueil ?

Et les autres épisodes à venir :

La qualité ? 
L’inacceptable inégalité structurelle des enfants entre les différents modes d’accueil

La croissance du nombre de places de crèches peut-elle se faire sans les micro-crèches ?

Les places d’accueil Petite Enfance
Politique de l’offre ou politique de la demande

La formation des pro de la Petite Enfance : le grand écart 

Auxiliaires de Puériculture (AP) : 1570 heures
CAP Petite Enfance : 609 heures
Assistantes maternelles : 80 heures

Le renouvellement des autorisations pour les crèches
Vraie fausse bonne idée !

Les meurtres de bébés
La dramatique conséquence du huis clos
et des écarts de qualité entre les modes d’accueil

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