12/02/25 : drame dans une MAM en Essonne
Un bébé de 5 mois est retrouvé
mort dans le dortoir.
Un bébé de cinq mois a été retrouvé en arrêt cardiorespiratoire dans la maison d’assistantes maternelles (MAM) de Saint-Pierre-du-Perray, en Essonne, ce mercredi (12/02/25), rapporte Le Parisien. Elle a été retrouvée inanimée dans son lit par une assistante. Malgré l’intervention rapide des sapeurs-pompiers et du SMUR, la petite fille est morte.
Selon la presse, le maire de Saint-Pierre-du-Perray, évoque « un drame sans précédent » : « Les assistantes maternelles sont également très choquées. Nous avons mis en place un suivi psychologique pour les accompagner. »
Les parents, surtout ceux de la fillette décédée, apprécieront certainement.
Une enquête de gendarmerie a été ouverte. Une enquête qui n’apprendra sans doute rien et qui ne pourra désigner aucun responsable.
Pourquoi ? Parce que personne n’a enfreint aucune règle, puisque les MAM, les Maisons d’Assistantes Maternelles, n’obéissent à aucune règle.
Immense paradoxe, en un temps où, Ministre après Ministre, on nous dit que les enfants ont droit à la même qualité d’accueil quelque soit le mode d’accueil, il existe un mode d’accueil qui permet :
- de réunir en un même lieu, jusqu’à 16 bébés et jeunes enfants : les micro crèches ne peuvent accueillir que 12 enfants,
- accueillis par 4 assistantes maternelles, sans diplôme, agréées après une formation de 80h, environ 2 semaines : dans les micro crèches il faudra bientôt 2 auxiliaires de puériculture et 2 CAP,
- sans aucun encadrement : les assistantes maternelles s’auto-gèrent. Dans les micro crèches il faut une directrice,
- sans aucune règle bâtimentaire : nous avons vu une MAM sans portes anti pince doigts, des prises électriques au sol, une surface de vie de 35m² qui pouvait accueillir jusqu’à 12 enfants. Dans les micro crèches les règles sont draconiennes : il faut, par exemple, une zone de vie de 7m² par enfant, soit 84m².
Ce drame sera peut-être le déclencheur qui aboutira à l’alignement des MAM sur les règles des micro crèches, en tous cas sur certaines d’entre elles, notamment les règles bâtimentaires.
Le drame de St Pierre du Perray aurait sans doute pu être évité : dans les crèches il faut une surveillance continue des bébés pour prévenir la mort subite du nourrisson. Cette surveillance doit être possible, soit parce qu’une vitrine permet de voir à tous moments si un bébé à l’intérieur du dortoir est en difficulté, soit parce qu’un adulte est en permanence dans le dortoir.
Ce drame est d’autant plus tragique que nos gouvernants comptent sur les MAM, des structures d’accueil de jeunes enfants, sans règles, pour relancer la dynamique de création de vocations d’assistantes maternelles, à qui on dit clairement ; « réunissez-vous dans une MAM, vous ne serez plus seules, il n’y a pas de règles particulières ».
Le site de la mairie de St Pierre du Perray est à ce titre révélateur quand il décrit la MAM :
Les Maisons d’Assistantes Maternelles (M.A.M.), à mi-chemin entre la crèche et la garde d’enfants par des assistantes maternelles à leur domicile, est un concept innovant. Il permet à des assistantes maternelles agréées d’offrir un mode de garde individualisé à des enfants dans un environnement collectif. La Municipalité encourage la création de Maisons d’Assistantes Maternelles.
Certaines mairies stimulent tellement les MAM qu’elles participent à leur financement.
Il y a eu « un avant et un après » dans les crèches après le drame de Lyon: un enfant a été tué dans une crèche en juin 2022.
Il y aura peut-être « un avant et un après » dans les MAM après le drame de St Pierre du Perray : la prise de conscience qu’on ne peut mettre ensemble 4 personnes sans diplôme, sans règles, pour accueillir jusqu’à 16 enfants en bas âge.
C’est peut-être ce qui est marche. Selon le magazine L’Assmat, Mme la Ministre Vautrin et Madame Isabelle Laithier, Présidente du Comité de Filière, se seraient entretenues sur le sujet de l’accueil individuel, le mardi 4 février 2025.
Mme Laithier a déclaré « J’ai rencontré une ministre qui partage nos constats, à savoir : le rôle clef des Maisons d’assistantes maternelles (MAM) dont il faudrait sûrement revoir le cadre juridique, un travail qui n’a jamais été fait depuis leur expérimentation ».
Au-delà du cadre juridique à revoir, ce sont de vraies règles qu’il faut mettre en place, des règles qui empêcheront des créer des structures dans lesquelles chacun peut faire ce qu’il veut, dans une approche minimaliste, au détriment de la sécurité des enfants.
Une bonne nouvelle, toujours selon L’1ssmat, la Ministre des familles Catherine Vautrin a affiché sa volonté de conserver et développer des modes d’accueil de qualité et sécurisés.
Elle aurait aussi confirmé « la prochaine réception du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur l’accueil individuel. De celui-ci dépendront de nouvelles décisions concernant l’accueil individuel. »
Peut-être les MAM seront-elles enfin considérées pour ce qu’elles sont, des établissements d’accueil collectif de jeunes enfants.
Car la France est sans doute le seul pays au monde, où réunir jusqu’à 16 enfants dans un même lieu est considéré comme de l’accueil individuel !
Paradoxe français et hypocrisie réglementaire, l’article L. 424-7 du Code de l’action sociale et des familles établit que les maisons d’assistants maternels (MAM) relèvent de l’accueil individuel ?!
Nous attendons le rapport avec impatience et nous jugerons les décisions sur pièce.